• A propos
  • M'écrire
  • Facebook
  • Instagram
  • Lutte Nuptiale
  • Premières fois
  • Identités Singulières
  • Twitter
  • 24 mai 2011

    Profitons




    Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
    Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

    Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène


    Il y a de cela quinze jours j'ai fait la connaissance d'un garçon sur le net. Au hasard de mes papillonnages webesques un profil se dégage des autres, de jolies photos, simples et sans prétention auxquelles je décide de manifester mon intérêt pour le simple plaisir de signifier à un garçon que je le trouve mignon, totalement gratuitement, sans nécessairement avoir eu en tête d'entreprendre une aventure. Cela m'arrive parfois dans un épanchement de lyrisme inutile. A ma grande surprise c'est lui qui, quelques minutes plus tard me gratifie en retour d'un compliment similaire et m'envoie simultanément un message.
    La discussion s'ouvre, en anglais. Le monsieur n'est pas français, simplement de passage dans la ville rose. Nous discutons un petit moment, faisant connaissance, testant nos limites, vérifiant chacun de notre côté une éventuelle compatibilité réciproque. Le propos est courtois, élégant, cédant peu à peu le pas à une piquante grivoiserie dissipant le semblant de pudeur auquel nous nous astreignions mutuellement, l'un et l'autre attendant de voir qui le premier donnerait le coup de griffe décisif. Au bout d'un certain nombre de messages échangés nous finissons par convenir d'un rendez-vous à son hôtel le lendemain soir.

    Il est à peu près vingt deux heures lorsque je frappe à sa porte, à peine nerveux. Non pas que l'expérience m'ait immunisé mais que j'ai un bon pré-sentiment. La porte s'ouvre. Dans l’entrebâillement apparaît un très beau garçon d'un mètre quatre-vingt, les cheveux ébène coupés très courts, arborant un sourire et un regard désarmants. Je ne m'attendais pas à ce qu'il fut si beau. "Hello" me dit-il posément d'une superbe voix profonde et calme, les yeux pétillants. J'entre, il me prend dans ses bras et l'enlace en retour. Que l'on est bien... Je suis sous le charme.

    M'invitant à m'asseoir il m'offre un rafraîchissement que j'accepte de bonne grâce : la journée a été chaude. La soirée débute doucement, il aime prendre son temps. J'apprends qu'il est à Toulouse pour raisons professionnelles et qu'il ne reste qu'une petite poignée de semaines avant de regagner son pays où l'attend son cher et tendre. Voilà qui a le mérite d'être clair. Au fil de la discussion nous nous découvrons quelques centres d'intérêts communs ce qui ne fit qu'accroître l'intérêt que nous nous portons. Car il ne fait aucun doute que je lui plais, au moins autant qu'il me plait.
    Je l'ai rejoint sur le rebord du vaste lit. Peu à peu nous nous rapprochons, les visages s'effleurent, les mains se cherchent, se trouvent, les lumières se feutrent, les paroles superflues se taisent... L'entente est assez extraordinaire. Rarement il m'a été donné de rencontrer quelqu'un d'aussi doux, attentionné, joueur, et franchement coquin. Dans un dernier épanchement de délicatesse il achèvera la soirée en me prodiguant un massage du dos absolument fabuleux et la nuit est déjà fort avancée lorsque nous nous endormons dans les bras l'un de l'autre. Cela faisait très longtemps aussi que je n'avais pas dormi avec un garçon à mes côtés et avais oublié à quel point cela pouvait être agréable. Et le réveil sera d'une tendresse exquise.

    Nous nous séparons en milieu de matinée, nous promettant de nous revoir. J'en avais bien l'intention. Dans cette attente, nous continuons à discuter sporadiquement sur le site où nous nous étions initialement croisés, jusqu'à l'autre soir où je suis à nouveau allé le rejoindre. Le désir était intact, même décuplé par le souvenir de cette première fois. "My blond blue-eyed hunk" m'a-t-il surnommé. Et à nouveau nous passâmes une nuit magnifique. J'ai goûté à nouveau à la douceur de sa peau, au velouté de ses baisers, à sa tendresse immense. Et encore une fois j'eus le plaisir de me réveiller à ses cotés. Attendu au petit matin il est parti le premier, me laissant profiter de sa chambre. Avant de s'en aller il s'est penché sur moi pour m'embrasser une dernière fois, puis la porte s'est refermée sur la pénombre silencieuse. A cet instant j'étais terriblement bien.

    Nous avons prévu de nous revoir encore une fois, peut être la dernière, et si ce n'est pas celle-ci ce sera la suivante qui marquera d'un point final cette jolie série. Car la fin de l'histoire est écrite d'avance, je ne me suis jamais voilé la face. Une fois sa mission terminée il pliera boutique, regagnera pénates et mari à des milliers de kilomètres d'ici et peut être ne nous reverrons-nous jamais. C'est ainsi.
    Pourtant malgré moi je me suis un peu attaché à lui, un tout petit peu, même si je lutte de toutes mes forces pour occulter toute forme de sentiment. D'ailleurs ma gorge se noue à l'instant où j'écris ces mots. Quoique j'ai parfaitement conscience que notre relation est voué à l'impasse, je me surprends à penser à lui de temps en temps. Son image commence à me hanter et parfois je me demande si j'aurais réagi de la même manière s'il avait été célibataire et Toulousain. Car c'est une histoire qui - en temps normal - commencerait très bien, avec un gentil garçon qui me plait énormément à tous points de vue, et à qui je plais aussi beaucoup. Sauf qu'ici rien n'est constructif, et bientôt tout ne sera plus que ruines.

    Mon propos ressemble à s'y méprendre aux jérémiades immatures d'une midinette un peu trop fleur bleue. Sans doute. Mais qu'importe, je m'en fous. J'ignore si je vais réellement me prendre une bonne grosse claque dans la gueule dans quelques jours. Je sais que la séparation ne sera pas exempte de douleur, si minime et prévisible soit-elle. Je prends seulement le pari de profiter de ce que me donne le présent, sachant que le château de sable sera inévitablement balayé par les flots. Mais le bien-être que ces instants procurent à mon égo atrophié sont peut-être tout aussi importants. Alors profitons.

    Profitons.

    27 commentairess:

    1. Profite !
      Mais c'est dur !
      Mais, profite encore !
      Mais ... c'est dur !
      PROFITE !!!
      :)

      RépondreSupprimer
    2. Vivre c'est ça. A long terme, le vide de l'indifférence est bien pire que la douleur de la perte. Dis-toi que tu as de la chance de l'avoir connu.

      RépondreSupprimer
    3. Enjoy each day as it will be the last... and first.

      Mieux ! :)

      RépondreSupprimer
    4. Oh que c est bon c est vrai profitons profitons

      RépondreSupprimer
    5. Oh oui! Profites! La vie est si courte! Ton histoire n'a rien des "jérémiades immatures d'une midinettes un peu trop fleur bleue", bien au contraire. J'ai adoré lire ton histoire et je pense comprendre ton ressenti et tes hésitations. Amuses-toi et garde (au moins) un contact avec lui, on ne sait jamais, le Prince existe peut-être ^^

      RépondreSupprimer
    6. Ni midinette, ni fleur bleue à l'horizon ! Tout ceci est beau et triste à la fois, mais n'est-ce pas le fait que la fin ait été écrite d'avance qui t'as permis (vous a permis à tous deux) de lâcher la rampe et de te (vous) laisser aller ? Parce qu'il n'y avait aucune pression possible sur un quelconque avenir ? C'est vrai que c'est dur, comme le dit Gildan. Mais ce sont des instants uniques, sans égal, qui vont peut-être marquer ton coeur de quelques cicatrices mais ce sont des instants précieux malgré tout. Et puis... et puis l'espoir est toujours permis ;-)

      RépondreSupprimer
    7. Chaque plaisir doit il forcément avoir son revers ? Doit on se sentir mal chaque fois que l'on profite ? Y a t il un sens à ces relations ? Sont elles plus ou moins importantes qu'une longue relation sans amour ni passion ? Pourquoi la vie est si mal faite ? Pourquoi je vis à la campagne où il n'y a ni hôtel ni étranger de passage ? Hein, pourquoi ?...

      RépondreSupprimer
    8. Il est toujours difficile de se détacher totalement, la naissance de sentiments est surtout signe de la parfaite harmonie que vous avez trouvé. Comme mes compères, je pense que c'est pourtant certainement la fin annoncée d'avance qui vous a permis d'atteindre cette harmonie puisqu'elle a évité le jeu de cache-cache où chacun cherche à séduire sans toujours se montrer sous vrai jour et sans toujours voir l'autre tel qu'il se montre.
      Heureusement, il n'est pas nécessaire de faire des milliers de kilomètres pour trouver des personnes douces, attentionnées, joueuses... Par contre, il est peu probable qu'un français de souche t'appelle "My blond blue-eyed hunk", mais tu auras peut-être droit à d'autres petits noms ;-)

      RépondreSupprimer
    9. Oui, tu as bien eu raison de profiter, même si ça fait un peu chier quand le moment s'arrête. Ceci dit, tu pourras le garder avec toi, ce moment, un petit secret, un petit cadeau.

      RépondreSupprimer
    10. Peu importe ce que réserve l'avenir, le vrai bonheur est dans le fait d'avoir vécu un moment aussi intense et de pouvoir cueillir du bout de sa tige, telle une fleur dans la rosée du matin, son souvenir plus enivrant encore chaque jour...

      RépondreSupprimer
    11. @ Gildan : Bien reçu mon capitaine. Mais ça pique un peu :)

      @ Krn : Certainement. Et puis la satisfaction purement égoïste d'avoir plu à quelqu'un que l'on a apprécié, ça fait du bien au moral.

      @ L'araignée : Jolie philosophie, totalement épicurienne. Sois le bienvenu ici :)

      @ Stephan : J'essaie de ne pas faire comme Icare qui, à trop vouloir profiter du soleil, s'est brûlé les ailes.

      @ Guillaume : Garder contact avec lui ? Hum, c'est peut être dangereux tu ne crois pas ? Je verrai bien. En tout cas il n'est pas le prince charmant : comment pourrais-je avoir pleinement confiance en quelqu'un dont je sais qu'il va voir ailleurs dès que j'ai le dos tourné ?

      @ Glimpse : Oui, j'admets le côté pathétique de cette histoire. Tu as raison sur un point et c'est à la même conclusion que toi que je suis parvenu : savoir que nous allions de toutes façon dans le mur nous a permis de nous lâcher, car il n'y a aucune pression sur un quelconque avenir. C'est d'ailleurs je crois ce qui me freine lorsque je rencontre un garçon en temps normal. J'ai un problème avec ça. Je m'en aperçois en repensant à ce billet.

      @ Ek91 : A tes deux premières questions, je renvoie à la pernicieuse morale judéo-chrétienne qui sait si bien faire souffrir les âmes qui n'en ont pas besoin. Pour le reste, je te laisse seul maître.

      @ Loup : Cette rencontre a un côté rassurant : savoir que l'on peut plaire et susciter le désir chez autrui. Rien que pour cela, cette historiette vaut le coup d'être vécue. C'est peut être tout ce qui en restera, et c'est déjà pas mal.

      @ CDDB : C'est vrai. Une jolie petite perle nacrée que j'aurais plaisir à contempler et dont les reflets m'étourdiront à loisir. Mais dommage quand même...

      @ Colibri : Tu sais comme moi que les plus belles roses sont parées des plus vives des épines ;)

      RépondreSupprimer
    12. Comme d'habitude, ce billet est d'une sensibilité et d'une beauté à fleur de peau. On sent parfaitement les émotions se dessiner avec en fond malgré tout un peu de tristesse.
      Alors je vais un peu me démarquer de mes petits camarades mais en lisant ce billet, on voit encore que certains gays (bon j'attends un texte sur le même sujet avec des purs hétéros) ne peuvent s'empêcher d'aller voir ailleurs quand ils ne sont pas chez eux, c'est quoi cette manie de tromper son mec à chaque occasion ?... Bon ç'a fait les affaires de TM mais quand même, un peu de bonne moralité dans ce bas monde ne fait pas de mal bordel !!

      RépondreSupprimer
    13. Oui, profite, savoure, tu as même le droit de ne pas refouler tes sentiments si tu es clair avec toi-même, c'est une histoire brève, sans lendemains. Mais si cela doit te gâcher ton plaisir, te tourmenter alors évite d'engager de telles relations... mais ce serait dommage, elle est belle la vie !

      RépondreSupprimer
    14. Mais quel Don Juan international ce TM. lol.
      Tu as raison de profiter de ces petits moments de bonheur que la vie t'offre. Vivre sans regrets c'est peut être le plus importants non ?
      @ L'autre Fred: tu descends dans quel hôtel lors de ton prochain passage à Paris ? lol

      RépondreSupprimer
    15. Et bientôt pitit chat sera très très jaloux de tes conquêtes :o)

      RépondreSupprimer
    16. Si être midinette c'est tomber amoureux à chaque fois qu'un garçon est gentil et te prête un peu d'attention, de chaleur et de tendresse, alors bienvenue au club.
      Le tout c'est de pouvoir faire la part des choses entre ceux qui seront tes amis et celui qui sera un jour l'homme de ta vie. Il en aura de la chance celui là!!!

      RépondreSupprimer
    17. Je ne trouve pas du tout que ça fasse midinette... C'est beau, touchant et effectivement, une histoire qui n'est pas neuve et qui pourtant arrive à chaque fois à nous rappeler que c'est ça la vie. Et comme tout le monde, PROFITE !

      RépondreSupprimer
    18. @ Un autre Fred : Je me joins à ta remarque, je me la suis faite aussi. On ne parle que de ceux qui vont voir ailleurs. La fidélité n'est pas vendeuse.

      @ François : C'est la première fois que je vis une relation de ce type. Je n'en connais pas les éventuelles séquelles. Dans quelques jours je serai fixé.

      @ Christophe : N'exagérons rien hein ^^. Vivre sans regrets, ni de l'avoir fait, ni de n'avoir pas essayé.

      @ Méchant chimiste : Nous avons quelques références communes. J'ai failli la caser dans mon billet :)

      @ PascalR : Il s'habituera ! :D

      @ Revigo : Celui là ne sera pas l'homme de ma vie. Un ami ? L'avenir nous le dira...

      @ Sephiraph : Une histoire qui n'arrive qu'aux autres jusqu'au jour où ça nous tombe dessus...

      RépondreSupprimer
    19. Blue eyes, blond hair, lips like a movie star On est à deux doigts des Beach Boys, là, d'un morceau cultissime. Référence absolue.

      Wow !

      RépondreSupprimer
    20. Un "fait divers" du milieu gay! Quoiqu'on en dise, les couples gays(pas tous, c'est vrai!) sont souvent abonnés au libertinage!!

      RépondreSupprimer
    21. Merci pour ton récit,sa délicatesse et sa lucidité
      "Cueille le jour présent et sois le moins confiant possible en l'avenir" écrivait Horace...

      RépondreSupprimer
    22. @ Al West : You're so sweet, you're so fine / Hey, won't you be mine... Ca aurait pu aussi bien marcher :)


      @ Nigloo : Je serai curieux de savoir si la proportion est objectivement plus élevée chez les gays que chez les hétéros. Et puis là n'est pas tellement la question.

      @ Bascoblog : Tu as tout à fait raison de donner la citation en entier : on en oublie souvent la seconde partie qui donne tout son relief à la première. Peut être est-ce justement parce que l'avenir ne donnait aucun gage de confiance que j'ai pu faire une place à cet épisode.

      RépondreSupprimer
    23. Il a l'air d'être un charmant et beau garçon, mais il a un gros défaut: il va voir ailleurs. Ce genre de comportement est très cliché chez les gays, et c'est néfaste pour nous (je prône la fidélité, quel intérêt d'être en couple si tu vas voir ailleurs, c'est mentir à son mec... ça me choque, d'ailleurs si je sais qu'un mec est en couple je ne baise pas avec, ça me bloque) néanmoins il te restera de beaux souvenirs, et sans doute de nouvelles nuits futures même si je ne te le souhaite pas parce que le mieux c'est qd même de se trouver un vrai mari

      RépondreSupprimer
    24. Tu as réussi à me faire couler une petite larme...

      RépondreSupprimer
    25. @ Anthonygay : Tu as raison sur toute la ligne et c'est bien ce que je déplorais : une histoire vide de sens, et au fond ce mec est un salaud, malgré les instants formidables que nous avons pu passer ensemble. C'est d'ailleurs un "détail" qui m'a permis de ne pas trop m'accrocher à lui.

      @ Seb67 : Rhôô faut pas hein, espèce de gros sentimental ;)

      RépondreSupprimer
    26. Alain lo Grelh27 mai 2011 à 13:46

      Tout ceci est bien mignon et que rajouter au vers de Ronsard

      RépondreSupprimer

    Bonjour, vous êtes bien chez Tambour Major.

    Ce billet vous a plu ? Il vous fait réagir ?
    Laissez donc un commentaire grâce au magnifique formulaire mis à votre disposition.

    Z'allez voir, ce n'est pas bien compliqué :

    1) Ecrivez votre petit mot doux dans l'espace de saisie ci-dessus.
    2) Identifiez-vous : sous Sélectionner le profil, cochez Nom/URL.
    3) Saisissez votre nom de scène, votre pseudonyme ou celui de votre chat si c'est ce dernier qui écrit.
    4) Si vous avez un blog, vous pouvez lui faire de la pub en mettant son adresse dans la case URL.
    Sinon passez directement à l'étape suivante.
    5) Cliquez sur Publier.
    6) Tadaaaaaam ! Sous vos yeux ébahis, votre commentaire s'affiche dans toute sa splendeur.

    Elle est pas belle la vie ?
    À bientôt !