La pratique de ce sport n'a jamais soulevé chez moi ni grande passion ni grand enthousiasme. Déjà gamin je me trouvais particulièrement pataud avec ces planches en bois vissées aux pieds. Alors que mon frère dévalait les pistes à toute allure sans craindre la chute, j'avançais péniblement en chasse-neige au prix d'un effort démesuré pour ne heurter personne ni ne prendre une vitesse incontrôlable.
Surtout j'ai toujours détesté prendre le tire-fesses. Cet appareil du diable qui, souvent, propulse le skieur de toute sa masse à plusieurs mètres de distance, à la faveur d'un bond toute aussi prodigieux que la réception serait calamiteuse. Combien de fois me suis-je retrouvé à perdre l'équilibre, les skis enchevêtrés, obstruant lamentablement la piste de remontée, obligeant l'opérateur à stopper les machines le temps que je me remette sur pieds ? Que celui à qui cette mésaventure n'est jamais arrivée me jette la première pierre.
Outre l'effet catapulte, qui dit tire-fesses ou remontées mécaniques dit : attente. Là encore, faire la queue pendant vingt minutes pour une descente qui en durerait à peine le dixième m'a toujours paru une perte de temps insupportable.
Ma fréquentation des pistes de ski s'est donc progressivement amenuisée avant de se réduire au zéro absolu pendant, au bas mot, deux décennies, sans que cela me manque le moins du monde. C'est à la faveur d'un réveillon passé en pleine montagne avec un skieur aguerri que je me laissais embarquer, à moitié convaincu, dans ce qui allait s'avérer, mon ultime tentative.
Une petite station familiale au creux des pistes, beaucoup de neige, un beau soleil. Cela aurait pu être un bon moment... Mais non. Au bout de quelques minutes à glisser sur les pistes, c'est une sensation d'inconfort général qui m'a envahi, accentuée par une paires de chaussures qui s'est avérée trop petite transformant l'exercice en une véritable torture chinoise.
De bonne composition malgré tout, et ayant au bout d'une bonne heure troqué mes sabots de souffrance contre un équipement désormais adapté, je poursuivais ma journée parmi les sapins saupoudrés de blanc. Éprouvais-je du plaisir ? Pas réellement, hélas. Il faut croire que je suis imperméable aux plaisirs de la glisse. Aussi je décomptais secrètement les heures de validité de notre forfait.
En déchaussant mes skis en fin de journée, je sus, avec cette assurance inébranlable qui font la force des évidences, que c'était pour la toute dernière fois.
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